Post Master Episode 3: Génération COVID

Absence de vision long terme

Pendant toute la durée de la pandémie mondiale, de la clôture de nos lieux de vie, à la tombée des masques, nous avons vécu dans le présent. Un temps présent angoissant, épuisant et douloureux qui nous a empêché toute projection. 

Or, à vingt ans, nous avons besoin de projections. 

Pour se rappeler pourquoi on trime à la fac, pour s’encourager lorsqu’il faut aller taffer après les cours, pour se raccrocher à quelque chose quand certaines fois les doutes nous font perdre le sens. 

Mais la pandémie nous à arraché toute perspective de projection. 

Alors, nous avons vécu au jour le jour en essayant d’oublier ce que nous avions prévu de faire et en se raccrochant « au monde d’après ». Au début, nous avons même essayé de voir le verre à moitié plein et toutes les opportunités que toute cette situation nous offrait: du temps avec nos proche, un retour sur soi, un espace artistique … 

Mais rapidement nous avons pris conscience du prix de cette crise. 

Des vies enlevées derrières les chiffres, des corps brisés par la maladie, des angoisses profondément ancrées. Nous ne seront plus jamais les mêmes et le nouveau futur qui s’écrirait ne sera pas celui que nous avions rêvé d’écrire. 

La spécificité supplémentaire de cette situation, c’est que nous ne l’avons pas choisi, aucun.e d’entre nous. Elle nous est tombée dessus et nous avons du composée avec. Alors nous avons rencontré la résilience, le lâché prise, nous avons pris conscience de toutes ces choses qui ne dépendent pas de nous. 

Je trouve que cette prise de conscience a rendu d’autant plus difficile la reprise de la vie. Lorsque les restaurants, les bibliothèques, les cinémas ont réouvert, lorsqu’il a fallu repartir travailler « en présentiel », je crois que c’est à ce moment là que j’ai pris conscience des conséquence de cette crise, profondément ancrées en moi et installées pour longtemps. 

J’étais incapable de me reposer, d’être heureuse, dans l’instant. Toujours collée à mes écrans, j’attendais la prochaine annonce gouvernementale, la prochaine crise. Mon cerveau et mon corps étaient étaient en mode survie et ils n’avais pas prévu d’en ressortir d’aussi tôt. Surtout que si la vie telle que l’on la connaissait c’était arrêtée, le temps, lui, a continué à tourner …. 

Suppression des moments symboliques

Le temps, je me suis longtemps battue contre lui. Avide de tout vivre, de tout expérimenter, je courrais après les heures, les minutes, les secondes. Mais à la sortie des confinements, lors de la grande réouverture, j’ai compris que le temps que le COVID nous avait pris ne nous serait jamais rendue. 

  • Nous ne vivrons jamais notre dernière année de lycée. 
  • Nous ne rencontrerons jamais notre nièce pour la première fois. 
  • Nous n’assisterons pas à notre remise de diplôme. 
  • Nous ne réaliseront pas ce premier voyage ensemble à New York. 
  • Nous ne dirons pas au revoir à notre grand-mère une dernière fois

Le COVID a arrêté nos vie, mais la terre, elle, a continué de tourner et le temps avec elle. 

Tous ces moments symboliques ne nous seront pas rendu et nous allons devoir vivre avec cette idée. Nous allons devoir recréer une nouvelle vision, de nouveau rêves, de nouveaux espoirs pour le futur en acceptant que peut être, certaines personnes n’y assisterons pas ou qu’elles ne se passeront pas là ou nous l’avions espéré. 

Parce que à vingt ans nous sommes à des moments clés de nos vies: le Post Master en fait partie. 

Bien sur, il faut voir le verre à moitié plein mais il faut se rendre à l’évidence:

  • Notre fin d’étude a un gout amer lorsque qu’elle n’est pas fêtée comme il se doit 
  • Notre rentrée sur le marché du travail a été une telle galère, qu’elle nous a laissé désorienté.e.s, déçu.e.s et désabusé.e.s 
  • L’entrepreneuriat n’est pas une aventure aussi existante lorsque tous les marchés et secteurs d’activités sont à l’arrêt ou au ralenti. 

Combien d’entre nous on fini par prendre un job alimentaire par manque d’emploi dans leur branche ? Combien sont aujourd’hui sous-payé.e.s par des employeurs frileux d’offrir des conditions décentes à des jeunes diplômé.e.s face à une situation économique instable ? Combien vivent encore chez leur parants parce qu’ils.elles ont du choisir entre indépendance et travail de sens ? 

Ces réalités reflètent bien la réalité vécue par notre génération vivant une période clé de nos vie dans un contexte socio-économique instable et incertain. 

Conséquences sur notre santé mentale

Bien sur, cette situation ne nous a pas laissé indemne. 

Déjà pendant la pandémie, nous n’avons pas tous et toutes vécu la crise dans les mêmes conditions. Un enfermement obligatoire n’est ainsi pas la même chose dans une maison de campagne avec jardin et dans une chambre du CROUS à 14m2. 

Ensuite, la fatigue a accentué les doutes les angoisses.

Une enquête réalisée par Ipsos pour la Fondation FondaMental a ainsi révélé l’état plus que préoccupant de la santé mentale des 18-24 ans pendant et après la pandémie. Publiée le 28 janvier 2021 dans le Parisien, celle-ci indique ainsi que, parmi un échantillon national de 404 jeunes:

  • 32% des 18-24 ans ont un trouble de santé mentale (+11 points par rapport à l’ensemble de la population)
  • 40% rapportent un trouble anxieux généralisé (+9 points par rapport à l’ensemble des Français)
  • Presque 3 jeunes sur 10 ont pensé qu’il vaudrait mieux qu’ils soient morts ou ont songé à se blesser

Observés dès le début de la pandémie, ces troubles n’ont que peu décru depuis, au contraire, une majorité de 18-24 ans continuent de vivre avec aujourd’hui encore. Ajoutez à ceci la situation géo-politique mondiale et l’instabilité économique, difficile aujourd’hui de retrouver la sérénité. 

Alors comment retrouver des perspectives ? 

Dès la semaine prochaine, nous entrons dans la suite de cette série Post Master avec enfin, des pistes à explorer pour solutionner notre Post Master Made in 2022

Il sera question dans un premier temps de retrouver le sens; dans ce nouveau rôle social – comme salarié.e ou comme entrepreneur.se -, dans cette nouvelle dynamique de vie, mais également face au champs des possibles qu’ouvre cette nouvelle étape. 

Et toi, comment fait-tu pour réaliser ton Post Master avec sérénité malgré les conséquences de la pandémie sur ta vie ? 
Nous arrivons à la fin de ce second épisode de ma nouvelle série d’article Post Master. J’espère que celui-ci vous a plus. Je suis curieuse de savoir quelle est votre expérience cette période si unique dans l'histoire de notre société moderne et ses conséquences sur votre Post Master, n’hésitez pas à me partager votre vécu et vos réaction sur les pages LinkedIn et Instagram de @regardsleblog

En attendant, je vous souhaite une belle fin de semaine et vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article

Ella

Post Master Episode 2: Les autres et soi

Attentes sociales

Je te peux pas compter le nombre de fois ou j’ai entendu: « Tu as les capacités, fais des études ! » et honnêtement cela m’allait bien. Mais cette injonction à faire des études, parce que « Tu en as les moyens » ou partie que « C’est le mieux à faire pour réussir sa vie », m’a empêché tout regard critique sur cette démarche. 

Soyons clair, je ne regrette aucunement d’avoir fait des études « longues », bien au contraire … Si cela dépendait de moi j’aurais même continué longtemps, avec un second Master et la thèse reste dans un coin de mon esprit. Néanmoins, avec un peu de recul, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces injonctions extérieures qui ont guidé mon parcours universitaire: 

  • Les études courtes sont pour ceux et celles qui n’ont pas le niveau scolaire 
  • Les domaines scientifiques sont plus porteurs 
  • La sélectivité des universités rend plus attractifs vos diplômes 
  • Les activités parallèle à vos études sont un atout clés pour un potentiel recrutement 
  • L’internationalisation des parcours est accessible à tous et toutes 

Je vais m’arrêter là car la liste est longue. 

Quoi qu’il en soit ces injonctions, souvent mensongères, nous guident vers un parcours plus raisonnable que raisonné, qui freine nos rêves, ambitions et désirs au profit d’une vision « réaliste ». 

Cette vision est souvent guidée par les peurs. De nos ainé.e.s, de nos enseignant.e.s, des économistes et conseiller.e.s d’orientation. Tous et toutes auront tendance à nous amené vers la sécurité commune plutôt que vers l’accomplissement personnel, souvent au péril de nos envies premières. 

Alors les études sont-elle faites que pour nous faire rentrer dans le moule ? 

J’espère que non et plus encore, j’ose croire qu’elles peuvent nous amené à développer un certain regard critique (le fameux « Je pense donc je suis »), plutôt que de nous brider. Néanmoins, elle nous entraînent là ou on a besoin de nous et pas forcément là ou on veut aller …

Et après ? 

Parce que si nous réussissons coûte que coûte à suivre notre quête personnel tout au long de nos études, il y a quand même des grandes chances que l’entrée dans « la vie active », nous fasse doucement revenir sur le droit chemin.

Quel est le prix de notre indépendance ? 

C’est vraiment la question clé de mon année Post Master. Comment allier travail épanouissant et rémunérateur, sans perdre le sens ? Parce que maintenant mes études terminées, je me dois de voler de mes propres ailes. Une indépendance qui va d’ailleurs me permettre de prendre mes propres décision en conscience, loin des injonctions parentales. 

Mais l’indépendance financière est-elle réellement accumulante avec désir de sens en Post Master ? 

Il suffit de voir les grilles de salaire et de participer à quelques entretiens pour voir que c’est loin d’être évident. Parce que les expériences bénévoles et de stage sont loin d’être valorisées à traitement égal avec des contrats salariés, les jeunes diplômé.e.s sont considéré.e.s comme « sans expérience » et sans expérience, la rémunération est tout de suite plus faible … 

En faisant des études, en France aujourd’hui, nous avançons avec cette certitude que ce graal nous donnera un pass VIP vers notre vie professionnelle rêvée, qu’elle soit salariée, entrepreneuse ou fonctionnaire. Pourtant ces attentes sont difficiles à atteindre et nous pouvons même arriver à nous demander si elles sont vraiment atteignables aujourd’hui. Bac + Master = vie professionnelle épanouis, un mirage aujourd’hui ? 

Et toi, as-tu ressenti des injonctions sociales au moment de faire tes études ou te rentrer dans la vie actives ? Lesquelles ? 

Projections parentales

Je ne pouvais pas parler du Post Master sans m’arrêter sur les projections parentales. 

Parce qu’après avoir validé mon Master je pensais sincèrement avoir coché toutes les cases: parcours scolaire irréprochable, études supérieures réussies avec brio, engagement associatifs à foison en parallèle et expériences internationales dans mon sac à dos, comme cerises sur le gâteau. 

Pourtant, lorsque j’ai compris que je pourrais pas vivre de mes activités en freelance et que le lancement de mon entreprise nécessitait des fonds financiers que je n’avais pas, j’ai du me rendre  à l’évidence: indépendance et épanouissement professionnel n’allaient pas rimer tout de suite. 

Alors j’ai commencé à chercher du travail. En Background mes parents étaient plus excité.e.s que moi et y aller chacun.e avec leurs petits critères: dans la région, salaire à 1600 net minimum, sans déplacements fréquents, plutôt dans la fonction publique … 

J’ai essayé un nombre incalculable de refus, enchainé les interviews, puis trouver le graal (en tout cas en apparence): j’avais un premier CDD ! 

La fierté de mes parents étaient égale à la hauteur de mes doutes mais j’ai foncé: à moi l’indépendance financière ! 

Sommes nous un génération de sens ? 

C’est vraiment une question qui me taraude lorsque j’échange avec ceux et celles de ma génération. Parce que ce modèle: études Bac+5, CDD, CDI (ou titularisation) ne nous fais plus rêver. J’irais même au delà, pour beaucoup il nous débecte. 

Pourquoi cette quête assoiffée ? 

Cette fois encore je crois que nous la devons à nos parents. Parce que nous les avait vu trimer, essayer les licenciement, les fermetures économiques, les managers sadiques et les heures supplémentaires non rémunérées. Nous les voyons aujourd’hui se battre pour des retraites, comme un fin en soi après des années de labeur. Parce que le travail, au sens de torture, pour beaucoup ils.elles l’ont connu. 

Et si nous étions surtout censé.e.s ? 

En refusants ce modèle, je crois que nous cherchons surtout à vivre ici et maintenant. À nous épanouir dans des jobs passions, plutôt que dans des jobs prisons, quitte à revoir nos modes de vie à la baisse. 

Génération crises donc génération essentialiste ? 

Avouons le, nous avons déjà vécu beaucoup trop de crises à 20 ans, sociales, économiques et sanitaire:

  • Génération attentats 
  • Génération gilets jaunes
  • Génération sacrifiée (COVID)
  • Génération récession 
  • Génération fin du monde (crise écologique) 

Et si au milieu de toutes ces angoisses, nous avions trouver une besoin urgent de vivre ici et maintenant ? Voilà peut-être d’ou vient cette quête de sens, si éloignée des projections de nos parents. 

Le sens pour faire face à la fatalité, une belle parade finalement, non ? 

Ça te parles quand je te dis projections parentales ? Es-tu plutôt team sécurité de l’emploi ou quête de sens acharnée ? 

Nos propres limites

Enfin, nous arrivons au face à face avec nous même. 

C’est la difficulté principale avec les sauts dans le vide, ils nous renvoient souvent devant nos plus grandes peurs; celles que l’on garde bien au chaud au fond de notre inconscient et qui viennent rappeler leur existence lors des soirs d’angoisse. 

C’est ainsi qu’il est facile de répondre finalement à l’appel de la sécurité, du CDD, surtout lorsqu’il s’agit de pouvoir manger. Il est facile de se complaire dans une routine finement orchestrée, même quand celle-ci pompe notre énergie, nos rêves et nos envies. Enfin, il est facile de suivre le chemin tracé, par la société ou nos cher.e.s parents, quitte à y perdre notre âme d’enfant. 

Je suis la première à mettre résigné à un moment donné. Parce que finalement c’était peut être ça la « vie d’adulte »: de la résignation. Peut-être qu’avoir des enfants un jour suffira pour combler le vide de mes rêves de petite fille abandonnés, gentiment rangés derrière l’appartement mal isolé et le CDD bancal que j’avais réussi à obtenir. 

Puis je me suis rappelée de mes cours de philosophie au lycée qui m’ont apprise le Je et le Ici et maintenant. Je me suis rappelée de mes cours de Littérature classique à la Fac qui m’ont appris la beauté des mots et la force de l’art. Je me suis rappelé de mes cours de Pédagogie inclusive en Master qui m’ont guidé vers la professionnelle que je voulais être. 

Je me suis rappelé que mes études m’avais donné la théorie et qu’il était grand temps que je la mettre en pratique. 

Vous comme moi, nous mettrons peut être des années à réussir à allier indépendance financière et épanouissement professionnel, mais nous devons tendre vers cela. Pas seulement pour la société ou pour les autres, mais parce que nous le devons à nos rêves d’enfants. 

Je crois que c’est la richesse de notre génération, qui vit aujourd’hui le Post Master; nous allons devoir nous réinventer perpétuellement pour trouver notre place dans un monde qui vit à deux cent à l’heure. 

Cela ne sera pas facile, mais cela nous permettra de repousser nos propres limites et d’éviter de nous laisser emporter par le flot continu de peurs, de doutes et de colères qui plane dans l’air. Un flot créé et dirigé par les générations qui nous ont précédé et qui ont vécu tourné vers le futur, en oubliant de prendre soin d’eux.elles et de notre planète, ici et maintenant. 

Je crois que c’est ce que nous ne devons pas oublier pour poursuivre notre chemin, pendant nos études, notre vie active et même après: l’avenir s’écrit dans le jour qui se cueille (Carpe Diem). Vivre aujourd’hui c’est préparer son avenir et si celui-ci doit être amené à changer alors ainsi soit-il mais que cela vienne de nous d’abord. 

De toute façon: ta vie, tes choix. 

Et toi, c’est quoi les limites que tu te met aujourd’hui dans tes choix professionnels et personnels ? 

Nous arrivons à la fin de ce second épisode de ma nouvelle série d’article Post Master. J’espère que celui-ci vous a plus. Je suis curieuse de savoir quelle est votre expérience sur ces freins, de vous-même et des autres, n’hésitez pas à me partager votre vécu et vos réactions sur les pages LinkedIn et Instagram de @regardsleblog. 

En attendant, je vous souhaite une belle fin de semaine et vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article.

Ella

Post-Master Episode 1: Dans la cage aux lions

Voilà, c’est fini

Pendant mes cinq ans d’étude, comme la majorité des étudiant.e.s, j’ai foncé tête baissée. Entre dossiers, oraux, mémoires, il faut dire que je n’avais pas vraiment de temps pour penser. Sans parler de la vie quotidienne, entre jobs étudiant, colocations animées et sorties entre ami.e.s. 

L’avenir ? Il semblait tracé. 

Depuis la fin mon Master 1 et à la suite d’une dizaine de stages réalisés entre ma seconde et mon Master, j’avais choisi l’entrepreneuriat. Pour la liberté d’action, pour pouvoir explorer mon plein potentiel entrepreneurial et enfin pour pouvoir vraiment faire bouger les choses dans mon secteur passion: l’éducation. Mais au delà de ce projet, mon avenir était assuré: 

Mon Master offrait de nombreux débouchés. 

Dans les ONG, les institutions d’état, les associations, partout nous étions attendu pour manager des projets en éducation, accompagner les enseignant.e.s dans la mise en place de pédagogies adaptées, développer des solutions numériques éducatives cohérentes et adaptées. 

Avec de la volonté et de l’énergie, le monde était à nous. 

Alors quand la crise sanitaire a freiné mon projet entrepreneurial, quand j’ai compris que le Ministère de l’éducation nationale était une forteresse presque infranchissable pour les jeunes innovant.e.s et que j’ai du chercher un poste pour survivre financièrement: 

Je suis tombée de haut.

Non seulement nous n’étions pas attendu.e.s, mais en plus nous n’étions pas ceux/celles qu’ils.elles attendaient. Pas suffisamment expérimenté.e.s, trop jeunes, très mal renseigné.e.s et préparé.e.s. Mes premiers mois de quête ont été lunaires. Je ne comprenait rien; ce n’était rien de ce que l’on m’avait dit. 

Pourquoi un tel Gappe ?

En lançant cette nouvelle série d’articles, je souhaite questionner un fonctionnement en péril et tenter de comprendre: Pourquoi l’entrée dans la vie active est-elle aujourd’hui si difficile pour les jeunes diplômé.e.s Bac+5 ? Pourquoi les entreprise, les institutions, les pépinières entrepreneuriales et nous semblons être sur un créneau horaire si différent ? Pourquoi les universités ne nous préparent-elles pas vraiment à la cage au lions ? 

J’ai ma petite idée sur cette dernière question mais vous, qu’en pensez vous ? 

Comment avec-vous vécu votre Post Master ? 

Et après ? Attente VS Réalité

  • Entrepreneuriat: vous n’êtes pas suffisamment stable financièrement 

L’entrepreneuriat c’est le nouveau Everything Is Possible. Depuis l’essor de la Startup nation sous la première air Jupiter, l’entrepreneuriat est devenu un voie à part entière dans une carrière professionnelle. Pour les trentenaires en quête de sens, les cinquantenaires en reconversion et les jeunes diplômés avides d’innovation et d’indépendance. 

Pour moi aussi l’entrepreneuriat est devenue un Goal. Pace que je suis de nature entreprenante. Parce que depuis toujours je mène en permanence trois projets de front. Parce que j’ai cru très fort au crédo: je l’ai fait donc tu peux le faire aussi. 

Je n’ai pas abandonné mes rêves d’entrepreneuriat, parce que crois toujours que c’est un modèle qui me correspond. Ceci étant dit, il est tant de dire la réalité: l’entrepreneuriat n’est pas pour tout le monde, à tous moments. Pour se lancer il faut des fonds. Pour se lancer il faut une connaissance de son secteur d’activité, une certaine expérience et un réseau. Pour se lancer il faut se sentir légitime de le faire et donc être bien entouré.e. 

Sans cela, la grand saut vers l’entrepreneuriat risque surtout de rimer avec une belle chute, épique et douloureuse. Parce que si l’on apprend bel et bien de ses échecs, cela ne les empêche pas de faire mal, voir très mal. 

Pour quel résultat ? Surtout, ces blessures là n’étaient-elles pas évitables ? 

  • Entreprises: vous n’avez pas suffisamment d’expérience 

Au bout d’une cinquantaine de CV déposés au grès de mes recherches acharnées, j’ai commencé à me poser des questions. Moi qui était si fière de mon parcours universitaire singulier et internationale, moi qui mettait tant d’énergie dans mes investissements associatifs, mon blog et mon podcast, moi qui venais d’être reconnue comme major de promo, je ne comprenais pas. 

Fière de mon identité professionnelle finement travaillée, je ne comprenais pas pourquoi ces dizaine et dizaine de mails sans réponses, ces entretiens décrochés au prix d’une rage acharnée soldés par des échecs enchaînés. La raison était simple: je n’étais pas l’employée qu’ils.elles recherchaient. 

Trop jeune, ils.elles ne faisaient pas confiance à ma fougue jeunesse. Pas suffisamment expérimentée, ils.elles refusaient de prendre en considérations mes 11 stages en 7 ans, mes 52 articles en 5 ans et mes 2 expériences de responsable d’antennes associatives. Dans tous les cas cela ne fonctionnait pas, pire les points présentés pour justifier leur rejet ne dépendaient pas de moi. 

Je ne vais pas prendre en âge plus vite que le temps le permet et j’avais déjà tout fait pour démultiplier les expériences et ainsi étoffer mon CV, en plus de mes études et jobs étudiants. Un grand poète (pourtant aussi jeune) a écrit ainsi un jour J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie (Paul Nizan). Je ne peux qu’être d’accord. 20 ans c’est la fin des illusions d’enfants et l’entrée dans le monde des « grands », un monde qui visiblement à oublié de fair rimer ambition avec bienveillance … 

Qui y perd le plus ? La jeunesse engagée ou les ainées désillusionnés ?

  • Institutions: vous allez devoir revoir vos prétentions à la baisse 

Enfin, il y a les institutions. Dans le secteur de l’éducation elles sont très nombreuses, à tous les niveaux: étatique, régionaux, départementaux, locaux. Les institutions, notamment en éducation, ont une place particulière dans mon coeur. Parce que j’ai été une élève, puis une étudiante, du système éducatif public. Parce que c’est grâce à ce système que j’en suis ou j’en suis et que j’en ai bien conscience. Parce que la majorité des pays du monde et même des pays occidentaux sont loin, très loin, d’avoir un système éducatif public aussi qualitatif que celui de la France. 

Maintenant, c’est un système qui se détériore. Entant qu’étudiante je n’en ai eu que très peu conscience de cette chute libre. Ayant enchainé des établissements de secteurs, des formations sélectives, avec des petits groupes de travail, des échanges internationaux, je n’avait pas compris l’ampleur du phénomène. 

Lorsque j’ai commencé à chercher du travail, ce sont les universités qui semblaient être les premières opportunités pour mon profil d’ingénieure/ conseillère pédagogique. A l’époque, je ne connaissais pas grand chose au monde travail, à la question de la valorisation salariale, des conditions de travail, des perspectives d’évolutions. Aujourd’hui, je connais les CDD contractuels projets d’un an. Rémunérés au minimum et exclu des primes, des évolutions de carrière et très peu valorisés. 

Je reviendrai un autre jour sur la réalité du poste d’Ingénieur.e pédagogique à l’université parce que entre le manque de reconnaissance, le système universitaire élitiste et dirigé par et pour les enseignant.e.s chercheur.se.s, il y a des choses à dire. 

Comment peut-on croire que l’égalité des chances peut fonctionner quand les rouages de ce système sont rouillés par les inégalités ? 

Salariat, entrepreneuriat: l’heure des désillusions

Promis, la suite de cette série sera plus optimiste, mais il faut d’abord passer par là. Parce que sincèrement, Désillusion est le mot qui représente le plus mon Post Master et je sais que je suis loin d’être la seule. 

Comme je viens de le présenter, je nous trouve très mal préparé.e.s en Master à la vie professionnelle qui en découle et ce autant pour le salariat que pour l’entrepreneuriat. 

Voici une liste non exhaustive des cinq essentielles que nous devrions apprendre à mon sens pour pouvoir se lancer dans l’entrepreneuriat en Post Master:

  • Connaitre la valeur de son travail (symbolique et financière) 
  • Pouvoir fixer un prix sur ses prestations et produits 
  • Savoir négocier avec de potentiels fournisseurs 
  • Communiquer sur les réseaux sociaux et via des interfaces publicitaires 
  • Pitcher son projet, ses services, ses produits, en s’adaptant aux circonstances et publics 

En faisant un Master entant qu’étudiante entrepreneurs, accompagnée par le Pépite, j’ai pu apprendre certains de ces éléments, en tout cas bien plus facilement que la majorité des étudiant.e.s. Néanmoins, cela n’a pas été suffisant pour me permettre de pouvoir vivre de mes missions de freelance ou pourvoir créé ma société en toute sérénité. Manque d’accompagnement ou de compétence, l’avenir me le dira peut-être …

Et toi qu’en penses-tu ? Qu’aurait-tu voulu apprendre pour pouvoir te lancer en entrepreneuriat en Post Master ? 

Pour poursuivre dans ce sens, voici une liste non exhaustive des cinq essentielles que nous devrions savoir à mon sens au moment de se lancer dans le salariat en Post Master:

  • Valoriser ses expériences et diplômes 
  • Se positionner par rapport aux attentes de l’employeur et de l’entreprise/institution visée
  • Faire un CV et une Lettre de motivation adaptés et représentative de notre objectif salarial 
  • Se positionner sur ses prétentions salariales, par rapport à son expérience et au poste
  • Négocier ses conditions de travail (congés, complémentaire, transports, télétravail…)

Pendant les trois premiers mois de recherche, je n’avais aucun de ses éléments et je me suis sentie très seule … Heureusement j’ai croisé le chemin de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres), une association formidable et adaptée qui accompagne les jeunes diplômé.e.s en recherche d’un premier emploi: gratuitement et à travail un accompagnement personnalisé. 

Et toi qu’en penses-tu ? Qu’aurait-tu voulu savoir au moment de te lancer dans le salariat en Post Master ? 

Nous arrivons à la fin de ce premier épisode de ma nouvelle série d’article Post Master. J’espère que celui-ci vous a plus. Je suis curieuse de savoir quelle est votre expérience de cette période si particulière, n’hésitez pas à me partager votre vécu et vos réaction sur les pages LinkedIn et Instagram de @regardsleblog. 

En attendant, je vous souhaite une belle fin de semaine et vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article.

Ella