
Voilà, c’est fini
Pendant mes cinq ans d’étude, comme la majorité des étudiant.e.s, j’ai foncé tête baissée. Entre dossiers, oraux, mémoires, il faut dire que je n’avais pas vraiment de temps pour penser. Sans parler de la vie quotidienne, entre jobs étudiant, colocations animées et sorties entre ami.e.s.
L’avenir ? Il semblait tracé.
Depuis la fin mon Master 1 et à la suite d’une dizaine de stages réalisés entre ma seconde et mon Master, j’avais choisi l’entrepreneuriat. Pour la liberté d’action, pour pouvoir explorer mon plein potentiel entrepreneurial et enfin pour pouvoir vraiment faire bouger les choses dans mon secteur passion: l’éducation. Mais au delà de ce projet, mon avenir était assuré:
Mon Master offrait de nombreux débouchés.
Dans les ONG, les institutions d’état, les associations, partout nous étions attendu pour manager des projets en éducation, accompagner les enseignant.e.s dans la mise en place de pédagogies adaptées, développer des solutions numériques éducatives cohérentes et adaptées.
Avec de la volonté et de l’énergie, le monde était à nous.
Alors quand la crise sanitaire a freiné mon projet entrepreneurial, quand j’ai compris que le Ministère de l’éducation nationale était une forteresse presque infranchissable pour les jeunes innovant.e.s et que j’ai du chercher un poste pour survivre financièrement:
Je suis tombée de haut.
Non seulement nous n’étions pas attendu.e.s, mais en plus nous n’étions pas ceux/celles qu’ils.elles attendaient. Pas suffisamment expérimenté.e.s, trop jeunes, très mal renseigné.e.s et préparé.e.s. Mes premiers mois de quête ont été lunaires. Je ne comprenait rien; ce n’était rien de ce que l’on m’avait dit.
Pourquoi un tel Gappe ?
En lançant cette nouvelle série d’articles, je souhaite questionner un fonctionnement en péril et tenter de comprendre: Pourquoi l’entrée dans la vie active est-elle aujourd’hui si difficile pour les jeunes diplômé.e.s Bac+5 ? Pourquoi les entreprise, les institutions, les pépinières entrepreneuriales et nous semblons être sur un créneau horaire si différent ? Pourquoi les universités ne nous préparent-elles pas vraiment à la cage au lions ?
J’ai ma petite idée sur cette dernière question mais vous, qu’en pensez vous ?
Comment avec-vous vécu votre Post Master ?
Et après ? Attente VS Réalité
- Entrepreneuriat: vous n’êtes pas suffisamment stable financièrement
L’entrepreneuriat c’est le nouveau Everything Is Possible. Depuis l’essor de la Startup nation sous la première air Jupiter, l’entrepreneuriat est devenu un voie à part entière dans une carrière professionnelle. Pour les trentenaires en quête de sens, les cinquantenaires en reconversion et les jeunes diplômés avides d’innovation et d’indépendance.
Pour moi aussi l’entrepreneuriat est devenue un Goal. Pace que je suis de nature entreprenante. Parce que depuis toujours je mène en permanence trois projets de front. Parce que j’ai cru très fort au crédo: je l’ai fait donc tu peux le faire aussi.
Je n’ai pas abandonné mes rêves d’entrepreneuriat, parce que crois toujours que c’est un modèle qui me correspond. Ceci étant dit, il est tant de dire la réalité: l’entrepreneuriat n’est pas pour tout le monde, à tous moments. Pour se lancer il faut des fonds. Pour se lancer il faut une connaissance de son secteur d’activité, une certaine expérience et un réseau. Pour se lancer il faut se sentir légitime de le faire et donc être bien entouré.e.
Sans cela, la grand saut vers l’entrepreneuriat risque surtout de rimer avec une belle chute, épique et douloureuse. Parce que si l’on apprend bel et bien de ses échecs, cela ne les empêche pas de faire mal, voir très mal.
Pour quel résultat ? Surtout, ces blessures là n’étaient-elles pas évitables ?
- Entreprises: vous n’avez pas suffisamment d’expérience
Au bout d’une cinquantaine de CV déposés au grès de mes recherches acharnées, j’ai commencé à me poser des questions. Moi qui était si fière de mon parcours universitaire singulier et internationale, moi qui mettait tant d’énergie dans mes investissements associatifs, mon blog et mon podcast, moi qui venais d’être reconnue comme major de promo, je ne comprenais pas.
Fière de mon identité professionnelle finement travaillée, je ne comprenais pas pourquoi ces dizaine et dizaine de mails sans réponses, ces entretiens décrochés au prix d’une rage acharnée soldés par des échecs enchaînés. La raison était simple: je n’étais pas l’employée qu’ils.elles recherchaient.
Trop jeune, ils.elles ne faisaient pas confiance à ma fougue jeunesse. Pas suffisamment expérimentée, ils.elles refusaient de prendre en considérations mes 11 stages en 7 ans, mes 52 articles en 5 ans et mes 2 expériences de responsable d’antennes associatives. Dans tous les cas cela ne fonctionnait pas, pire les points présentés pour justifier leur rejet ne dépendaient pas de moi.
Je ne vais pas prendre en âge plus vite que le temps le permet et j’avais déjà tout fait pour démultiplier les expériences et ainsi étoffer mon CV, en plus de mes études et jobs étudiants. Un grand poète (pourtant aussi jeune) a écrit ainsi un jour J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie (Paul Nizan). Je ne peux qu’être d’accord. 20 ans c’est la fin des illusions d’enfants et l’entrée dans le monde des « grands », un monde qui visiblement à oublié de fair rimer ambition avec bienveillance …
Qui y perd le plus ? La jeunesse engagée ou les ainées désillusionnés ?
- Institutions: vous allez devoir revoir vos prétentions à la baisse
Enfin, il y a les institutions. Dans le secteur de l’éducation elles sont très nombreuses, à tous les niveaux: étatique, régionaux, départementaux, locaux. Les institutions, notamment en éducation, ont une place particulière dans mon coeur. Parce que j’ai été une élève, puis une étudiante, du système éducatif public. Parce que c’est grâce à ce système que j’en suis ou j’en suis et que j’en ai bien conscience. Parce que la majorité des pays du monde et même des pays occidentaux sont loin, très loin, d’avoir un système éducatif public aussi qualitatif que celui de la France.
Maintenant, c’est un système qui se détériore. Entant qu’étudiante je n’en ai eu que très peu conscience de cette chute libre. Ayant enchainé des établissements de secteurs, des formations sélectives, avec des petits groupes de travail, des échanges internationaux, je n’avait pas compris l’ampleur du phénomène.
Lorsque j’ai commencé à chercher du travail, ce sont les universités qui semblaient être les premières opportunités pour mon profil d’ingénieure/ conseillère pédagogique. A l’époque, je ne connaissais pas grand chose au monde travail, à la question de la valorisation salariale, des conditions de travail, des perspectives d’évolutions. Aujourd’hui, je connais les CDD contractuels projets d’un an. Rémunérés au minimum et exclu des primes, des évolutions de carrière et très peu valorisés.
Je reviendrai un autre jour sur la réalité du poste d’Ingénieur.e pédagogique à l’université parce que entre le manque de reconnaissance, le système universitaire élitiste et dirigé par et pour les enseignant.e.s chercheur.se.s, il y a des choses à dire.
Comment peut-on croire que l’égalité des chances peut fonctionner quand les rouages de ce système sont rouillés par les inégalités ?
Salariat, entrepreneuriat: l’heure des désillusions
Promis, la suite de cette série sera plus optimiste, mais il faut d’abord passer par là. Parce que sincèrement, Désillusion est le mot qui représente le plus mon Post Master et je sais que je suis loin d’être la seule.
Comme je viens de le présenter, je nous trouve très mal préparé.e.s en Master à la vie professionnelle qui en découle et ce autant pour le salariat que pour l’entrepreneuriat.
Voici une liste non exhaustive des cinq essentielles que nous devrions apprendre à mon sens pour pouvoir se lancer dans l’entrepreneuriat en Post Master:
- Connaitre la valeur de son travail (symbolique et financière)
- Pouvoir fixer un prix sur ses prestations et produits
- Savoir négocier avec de potentiels fournisseurs
- Communiquer sur les réseaux sociaux et via des interfaces publicitaires
- Pitcher son projet, ses services, ses produits, en s’adaptant aux circonstances et publics
En faisant un Master entant qu’étudiante entrepreneurs, accompagnée par le Pépite, j’ai pu apprendre certains de ces éléments, en tout cas bien plus facilement que la majorité des étudiant.e.s. Néanmoins, cela n’a pas été suffisant pour me permettre de pouvoir vivre de mes missions de freelance ou pourvoir créé ma société en toute sérénité. Manque d’accompagnement ou de compétence, l’avenir me le dira peut-être …
Et toi qu’en penses-tu ? Qu’aurait-tu voulu apprendre pour pouvoir te lancer en entrepreneuriat en Post Master ?
Pour poursuivre dans ce sens, voici une liste non exhaustive des cinq essentielles que nous devrions savoir à mon sens au moment de se lancer dans le salariat en Post Master:
- Valoriser ses expériences et diplômes
- Se positionner par rapport aux attentes de l’employeur et de l’entreprise/institution visée
- Faire un CV et une Lettre de motivation adaptés et représentative de notre objectif salarial
- Se positionner sur ses prétentions salariales, par rapport à son expérience et au poste
- Négocier ses conditions de travail (congés, complémentaire, transports, télétravail…)
Pendant les trois premiers mois de recherche, je n’avais aucun de ses éléments et je me suis sentie très seule … Heureusement j’ai croisé le chemin de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres), une association formidable et adaptée qui accompagne les jeunes diplômé.e.s en recherche d’un premier emploi: gratuitement et à travail un accompagnement personnalisé.
Et toi qu’en penses-tu ? Qu’aurait-tu voulu savoir au moment de te lancer dans le salariat en Post Master ?
Nous arrivons à la fin de ce premier épisode de ma nouvelle série d’article Post Master. J’espère que celui-ci vous a plus. Je suis curieuse de savoir quelle est votre expérience de cette période si particulière, n’hésitez pas à me partager votre vécu et vos réaction sur les pages LinkedIn et Instagram de @regardsleblog.
En attendant, je vous souhaite une belle fin de semaine et vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article.
Ella