Histoires d’héroïnes n°7 Cendrillon

Déjà le septième épisode de la série « Histoires d’héroïnes ». Les héroïnes défilent, mais aujourd’hui il est temps de changer d’angle. Parce que si toutes celles que je vous est présenté jusqu’alors se présentaient plus comme des exemples à suivre, aux fables morales nous montrant un certain idéal progressiste des femme, l’héroïne d’aujourd’hui change de registre. Faisant partie des princesses (clichées à souhait) Disney, racontée et réécrite, Cendrillon, l’héroïne passant des haillons au château royal, est loin d’être un de mes exemples de vie, et pourtant, elle est de celles qui ont compté. Mais pour l’observer sous un angle littéraire original c’est bien de la pièce de théâtre que je pars aujourd’hui, avec Cendrillon [ou Sandra], de Joel Pommerat.

Cendrillon est souvent l’une des premières princesse que l’on rencontre, entre livres de contes et dessins animés Disney. Tyrannisée par sa belle-mère et ses demi-sœur, condamnée aux taches ménagères dans sa propre maison, Cendrillon est aussi l’amie des bêtes. Comme ses consœurs c’est bien évidemment le mariage qui se positionne en quête de son récit, terminé, dans les versions classiques, par le fameux: « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Mais c’est l’angle, plus poétiques du souvenir et des promesses que Joel Pommerat va lui choisir pour nous faire redécouvrir la jeune fille des cendres, sur les planches des théâtres : entre cruauté et modernisme.    

Cendrillon, où la question du destin au rythme du temps qui passe 

Cendrillon, de Joel Pommerat

« A peine sortie de l’enfance, une toute jeune fille s’est tenue au chevet de sa mère grandement malade. N’ayant pas bien compris l’ultime murmure de la mourante, n’ayant pas osé la faire répéter, voilà Sandra liée à cette phrase: « Tant que tu penseras à moi tout le temps, sans jamais m’oublier plus de cinq minutes, je ne mourrai pas tout à fait. » Comment naviguer entre les cendres du passé, le réel qui s’impose, la vie effervescente et une imagination débordante ? Voilà les questions que pose avec délicatesse et poésie Joel Pommerat, l’un des plus grands metteurs en scène de notre époque« .

– Synopsis Cendrillon de Joel Pommerat, éditions Babel poche

Cendrillon

Dans ses premières versions, l’évolution de Cendrillon, de jeune fille endeuillée, maltraitée et seule, devenant pas un coup de baguette magique une magnifique princesse, m’a longtemps horripilé. Parce que tout cela n’est que magie, destinée et chance, parce que l’émancipation qui a lieu n’est que le résultante d’une union avec un homme, plus riche, de catégorie social supérieur et l’ayant choisi.

Dans la version humoristique proposée par le groupe de rock français Téléphone, avec leur chanson Cendrillon, j’ai beaucoup ri de cette princesse déchut parce que trompé avec la Belle au bois dormant et devenant finalement alcoolique. C’est sadique, sans doute, mais je crois profondément que réussir par sa beauté, sa gentillesse et ses petits pieds est relativement restrictif que ce que nous sommes capable de réaliser …

Finalement, en découvrant la réécriture théâtrale de Joel Pommerat, j’ai été étonné de finalement apprécier ce récit. Vivant, dans une mise en scène dynamique et flamboyante, aux personnages caricaturés sans être ridicules et aux symboles omniprésents, aussi violents que poétiques.

Ici, Cendrillon n’est plus qu’un mythe, elle devient Sandra, la toute jeune fille, fragile. Fragile de son histoire, de son présent et de son avenir qui ne se projette que sur 5 min. L’héroïne est aussi ici prisonnière, mais pas seulement de son destin et de sa belle-mère effroyable, prisonnière de sa promesse (quiproquo), du temps (omniprésent) et d’elle-même (imaginaire). Des prisons impénétrables donc, d’autant plus fortement représentées par le château de verre dans lequel la famille vie, au cœur de la mise en scène de Pommerat.

Sandra, n’est pas Cendrillon pendant toute la pièce mais bien Cendrier, résultat d’un nouveau quiproquo qui la relie tout au long du récit à l’odeur de cigarette. Un nouveau passage fait pas l’auteur, du matériel (la cendre) à l’intouchable (la fumée de cigarette), comme un nouveau symbole de l’incessible. Car c’est bien à cela que notre héroïne se raccroche tout au long du récit, à ce qu’elle ne peut changer. Son passé, ses souvenirs, sa condition, tant de choses comme preuves de son destin, acceptés avec fatalité.

Arrive finalement, l’un des personnages central du conte de Cendrillon, la marraine de celle-ci: la bonne fée. Ici plus folle que jamais, capricieuse, extravagante, c’est elle qui va une nouvelle fois chambouler le destin, à sa manière. Pas de citrouille qui se transforme en carrosse,  des pieds suffisent, mais elle reste pour autant un lien direct avec le fameux prince charmant, lui aussi bien éloigné des clichés qui lui collent d’habitude à la peau. Ce prince là est timide, loin de chercher une princesse et surtout lui aussi à des problèmes avec le temps. Cendrillon court ainsi après le celui-ci, le temps, derrière ses fameuses cinq minutes, là où pour lui le temps s’est arrêté la dernière fois ou sa mère est partie. Deux jeunes gens, orphelins de mère, réunis par le temps, effectivement nous ne sommes pas sur la même note que d’habitude.

C’est justement sur cette très belle fausse note, que Joel Pommerat a finalement ajouté Cendrillon, Sandra, à la liste des Héroïnes qui ont fait la différence pour moi. Cendrillon, l’anti-héroïne, timide, victime, oreille attentive, nous donne ici une leçon de style, tout en douceur et en poésie. Il n’est ainsi pas question de mener un quête, de gagner une guerre ou de régner sur un peuple mais bien de faire face, à son passé, ses peurs et pourquoi pas même son destin. Une leçon de style, ou du moins ici de tirade, à garder dans son esprit.

« LA MERE: Ma chérie … Si tu es malheureuse, pour te donner du courage, pense à moi … Mais n’oublie jamais, si tu penses à moi fais-le toujours avec le sourire »                                 – La mère de Sandra, Cendrillon, p.112

Nous nous laissons aujourd’hui sur cette belle promesse, à la semaine prochaine, prenez soin de vous. Au plaisir, plus que jamais, de découvrir vos regards…

Ella

 

Histoires d’héroïnes n°6 Viviane

Je suis de retour aujourd’hui avec une héroïne qui a traversé les âges, au point que nous doutions souvent de son statut; réelle ou imaginaire. En effet, c’est nul autre que la fée de Brocéliande, Dame du lac, Viviane, mère adoptive du chevalier de la Table Ronde Lancelot, et âme sœur du grand magicien Merlin, que je vous présente aujourd’hui, dans ce 6ème article. Un portait, dressé avec finesse et chevalerie par l’auteure Marion Zimmer Bradley, dans son ouvrage Les dames du lac [premier ouvrage du Cycle d’Avalon].

Récompensé par le prix du Grand roman d’évasion 1986, cet pépite littéraire nous transporte dans un monde de chevaliers et de reines, de sorcières et de magiciens. Un monde historico-fantastique dépoussiéré par Marion Zimmer Bradley, tout au long du des trois tomes. En mettant en avant les femmes, souvent en arrière plan des récits dédiés au règne du Roi Arthur, elle nous enchante et nous amène à réfléchir aux symboles multiples de la féminité, au delà des apparences.    

Viviane est une sorcière, femme se pouvoir sans jamais avoir eu besoin de couronne 

Viviane, dans Les Dames du lac de Marion Zimmer Bradley

« La légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde n’avait, depuis longtemps, inspiré un roman d’une telle envergure. Merlin l’Enchanteur, Arthur et son épée fabuleuse, Lancelot du lac et ses vaillants compagnons, tous sont présents, mais ce sont ici les femmes qui tiennent les premiers rôles: Viviane, la Dame du Lac, Ygerne, duchesse de Cornouailles et mère d’Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la fée, sœur et amante du grand roi…
Cette épopée envoûtante relate la lutte sans merci de deux mondes inconciliables: celui des druides et des anciennes croyances et celui de la nouvelle religion chrétienne qui supplante peu à peu les rites ancestraux de la Grande-Bretagne avant qu’elle ne devienne l’Angleterre.
« 

– Synopsis Les dames du lac  [tome 1 du Cycle d’Avalon] de Marion Zimmer Bradley, éditions Le livre de poche

Viviane

Dans cette série, je dédis des articles à ces héroïnes qui m’ont marqué; de mon enfance, à mon adolescence en passant par ma jeune vie adulte, ces femmes, réelles ou imaginaires ont colonisé mon esprit et même motivé certaines de mes décisions, actions et projets. C’est dans ce sens que je vous présente aujourd’hui la Dame du lac, à travers l’ouvrage de Marion Zimmer Bradley; j’avais 12 ans lorsque je suis tombée sur ce Cycle dans la bibliothèque municipale de mon p’tit patelin pommé. J’ai été impressionnée par ces énormes ouvrages et rapidement embarqué dans cette dimension historico-fantastique, réunissant la magie, qui m’a toujours attiré et les récits chevaleresque, qui m’animent depuis mes premiers cours d’histoires.

Mais au delà de ces aspects de surface, c’est ensuite le fil rouge 100% féminin qui a ébloui mes yeux de jeune lectrice. Comme nous toutes, j’ai été bercée par la fameuse « Derrière chaque homme, il y a toujours une femme », c’est d’ailleurs dans ce modèle que sont souvent introduite les femmes dans les récits, quelque soit leur genre. En second plan, derrière les hommes, leur statut dépend souvent de celui-ci d’un homme; père, frère, époux, fiancé, ami. Pourtant dans son Cycle d’Avalon, Marion Zimmer Bradley fait justement un choix inversé, prônant au contraire que « Derrière chaque femme, il y a toujours elle-même » [dédicace Meuf Paris].

Ainsi, dans ce récit, chaque femme est présentée en fonction d’une caractéristique, directement affiliée à un titre qui lui est propre. Viviane est ainsi la Dame du lac (avant d’être la maitresse de Merlin), Ygerne, la duchesse (avant même d’être la mère du roi Arthur), Guenièvre, la reine (avant d’être l’épouse d’Arthur et la maitresse de Lancelot) et enfin, Morgane, la fée (avant d’être, elle aussi, la sœur du roi Arthur).  Leur force à chacune leur est ainsi propre et ne dépend que d’elles-mêmes et des autres femmes. Car si Viviane est devenue Dame du lac c’est comme nous allons le voir, de son essor, de même que Morgane a apprise la magie par Viviane, qui l’a élevé et fait d’elle son élève. Guenièvre est reine, mais pas uniquement la reine comme épouse du roi, mais bien reine avec son propre pouvoir de décision et de liberté d’action, il en va de même pour Ygerne, en arrière plan, mais en guerrière de l’obscurité, au lieu de victime de celle-ci.

Pour en revenir à notre principale sujet ici, Viviane, Dame du lac et fée de Brocéliande a marqué les esprits par son pouvoir et son indépendance – des règles, des hommes, de la royauté – et sa magie – en harmonie avec la nature et les éléments. Viviane est fille de roi, mais un roi secondaire, régnant avant tout sur une forêt boisée, dès le début de sa vie, celle-ci est donc imprégnée des éléments naturels, qui deviendront par la suite ses plus féroces alliés.

Vivant dans un palais de cristal, invisible aux yeux des hommes, Viviane cultive son mystérieux, en se mettant en retrait du monde humains et de la cour du Roi Arthur, elle est le point de vue omniscient, critique et juste du récit, à ses débuts en tout cas. L’arrivée de Lancelot, rêvant de chevalerie et de reconnaissance, bouleverse son équilibre et la rend d’autant plus humaine à nos yeux. Celle qui a toujours eu la main sur les hommes et les émotions qui lui faisaient ressentir [avec Merlin notamment, qu’elle emprisonnera à l’aide d’un voile magique], se voit fragilisé par l’amour maternelle qu’elle porte à celui-ci, sans pour autant flancher face à cette fragilité. C’est d’ailleurs là toute la force de cette héroïne, cette capacité à se relever face aux obstacles, à faire de ses épreuves des armes.

Ce qui nous amène à la dimension centrale pour moi de ce personnage: sa magie. Viviane est une sorcière, autrement dit, une femme de pouvoir qui manie l’art des mélanges et sorts, grâce notamment à ses savoirs sur la nature et les éléments. Vivant au milieu d’une forêt, celle de Brocéliande, les récits racontent qu’il faut prendre une barque pour traverser la lac menant à son palais. Un palais de verre, invisible aux yeux des hommes, notamment grâce à l’épaisse brume qui l’entoure. Cet imaginaire, du palais inatteignable, est celui qui a marqué indéfiniment mon esprit et représente parfaitement la teneur magnifique du personnage. Viviane s’est construite autour des éléments qu’elle connait le mieux, ceux de la nature et a puisé son pouvoir en ce qui lui était accessible directement. Au contraire du roi Arthur qui tient sa grandeur à un pouvoir ancestrale et religieux qui lui échappe (il est représentant de Dieu sur terre, un Dieu qu’il est loin de cerner), de Lancelot en quête d’une reconnaissance par la quête du Graal, symbole même du but inatteignable, Viviane est puissante par sa gestion des éléments simples.

Quant on sait que les femmes sorcières ont étaient brulées pendant des décennies pour leurs pouvoirs, au moyen-âge notamment, époque de la montée des religions monothéistes et notamment du catholicisme, dirigé par des hommes, Viviane fait figure de symbole. Elle qui n’a jamais été épouse, n’a jamais eu d’enfant, elle,  maitresse, professeur, mentore, libre et jamais soumise, au delà des normes, des règles et des lois.

La Dame du lac, reine de la nature, fée de Brocéliande et guerrière des éléments, nous rappelle qu’une femme forte est une femme dangereuse aux yeux du monde, une femme libre donc. 

C’est la fin de ce sixième « Histoire d’héroïne » , un portait qui me tenait particulièrement à cœur. J’espère qu’il a plus et enchanté, je vous retrouve avec plaisir en commentaire ou sur les réseaux sociaux du blog pour continuer le voyage.

Ella

Histoires d’héroïnes n°5 – Kelsea

Pour ce 5ème article de la série « Histoires héroïnes », nous allons parler pouvoir. L’héroïne du jour est reine rien que ça, reine imaginaire certes, mais reine malgré tout. Une reine forte et sensible, en lien avec le passé et l’avenir, aux valeurs humanistes, quoi qu’il arrive: La trilogie du Tearling, Erika Johansen.

A travers sa trilogie Erika Johansen, nous offre une démonstration de force, à travers un personnage féminin aux pouvoirs multiples: de cœur, de magie et d’intelligence. Une héroïne qui fait du bien donc, aux milieu des belles princesses, des épouses obéissantes et des super-héroïnes clichés.  

Kelsea est forte, courageuse, imbattable, comme une femme, parfaitement imparfaite ! 

Kelsea, dans La trilogie du Tearling d’Erika Johansen

« Après la mort de sa mère la Reine Elyssa, Kelsea Raleigh a grandi en exil, loin des intrigues du Donjon royal où son oncle a pris le pouvoir. Le jour de ses dix-neuf ans, une garde l’escorte de son repaire à la capitale, où elle doit reconquérir la place qui lui revient de droit. Kelsea ne s’est jamais sentie aussi peu capable de gouverner. Pourtant, les atrocités qu’elle découvre vont la pousser à commettre un acte d’une incroyable audace, qui jette tout le pays dans la tourmente. Long périple semé d’embûches, plein de bruit et de fureur, de trahisons et de combats… Pour Kelsea, l’épreuve ne fait que commencer« 

– Synopsis Tome 1 La trilogie du Tearling « Reine de cendres » de Erika Johansen, éditions Le livre de poche

Kelsea

Je suis tombée au hasard sur la Trilogie du Tearling dans une petite librairie, dès la lecture du synopsis, j’ai su que je me laisserai embarquer. Temporellement, nous sommes dans le flou pendant une grande partie de notre lecture. Les organisations politiques et sociétales semblent d’un temps lointain, notamment avec l’omniprésence de la royauté et pourtant, la division des pouvoirs nous donne un doute. Notamment, parce que dans les deux royaumes centraux qui nous sont présentés, ce sont des femmes qui les dirigent. Des femmes, des reines, féroces, acharnées, loin des contes de notre enfance.

Kelsea monte sur un trône qui lui revient de droit, reprenant ainsi la place de sa mère avant elle. Elyssa, une reine belle, flamboyante, piètre politiques, aux amants multiples, un portait bien critique que l’auteure n’hésite pas à dresser, laissant ainsi le choix à Kelsea, mais aussi à ses lecteur.trice.s, des leçon à en tirer. Un modèle maternelle bien éloigné des normes, qui est d’autant plus critiqué dès le tome 2, puis 3, lorsque l’on apprend à connaitre la reine rouge, l’autre reine, elle-même abandonnée, rejetée par sa mère.

Elevée au milieu de la nature et des livres par une ancienne conseillère de sa mère et un ancien garde de la reine, Kelsea a appris le monde à travers les pages de ses ouvrages et les leçons de la nature, loin des tourments de la ville et de son trône. C’est sans doute cette éducation qui va faire d’elle la reine sage et investie qu’elle deviendra, et qui m’a charmé dans ce personnage. Kelsea croit en l’importance des histoires, de connaitre son Histoire et celle de son royaume pour construire un futur. Une Histoire d’autant plus importante dans son cas, puisqu’ elle a été construite en deux temps, avant et après, un évènement central et mystérieux: la traversé. Au fil des pages nous découvrons l’importance de cette évènement à l’origine du Tearling et de la fin d’un autre monde.

Une origine a laquelle Kelsea va être reliée très vite à travers des vision de ce passé lointain, qu’elle connait si mal. Il s’agit là également d’une particularité qui donne sa richesse à ce récit; l’omniprésence d’une force extérieure, magique, auxquelles seule les femmes ont accès. Kelsea, Andalie, sa servante, Glee, la fille de celle-ci, la reine rouge également, toutes ces femmes portent en elles une puissante incompréhensible, mystérieuse, sur laquelle repose tout l’équilibre de leurs mondes. Les hommes, pourtant omniprésents (rien qu’autour d’elle, Kelsea n’a autour d’elle qu’une majorité d’homme dans sa garde), ne voient ces pouvoirs que de l’extérieur, toujours avec un regard critique, dont ils sont d’ailleurs souvent les victimes. Un pouvoir d’autant plus fort qu’il est directement relié aux forces de la nature – le temps, les pierres, les saisons – donnant le ton à ce voyage fantastique, à la frontière entre récit historico-imaginaire et fable symbolique.

Car c’est bien entant que symbole que je lis cette omniprésence de la nature et des forces magiques; de tout temps les femmes de pouvoir, avaient forcément recourt à des pouvoirs. Ce sont ces forces qui les ont conduite, au bûcher entant que sorcières et condamné au abords des forêts, à l’extérieur des villages, comme guérisseuses. Omniprésentes, essentielles mais décriées, ces femmes de pouvoir effrayaient, de l’Eglise aux scientifiques. Une opposition aux doctrines religieuses que nous retrouvons également dans la Trilogie du Tearling avec l’opposition à l’Arvath [nom de l’Eglise extrémiste, sexiste et homophobe, omniprésente entant que contre pouvoir dans la Trilogie].

Kelsea nous enchante tout au long de ses aventures avec sa force et son esprit, guidée par ses voix qui lui montrent le chemin, instinctivement, naturellement. Une leçon à ne pas prendre à la légère …

« L’avenir ne peut divorcer du passé. Croyez-moi, je suis bien placée pour le savoir »
– Kelsea, Tome 3 « Destin de sang », p.247.

Il est déjà temps pour moi de tirer ma révérence, puisque nous arriver à la fin de ce nouvel article. J’espère vous avoir donné le goût de vous plonger dans cette magnifique trilogie, lourde de symboles, parfaite en ces temps – nécessaires – de remise en question. Et vous, l’avez-vous réalisé votre traversé?

Au plaisir de vous lire, comme toujours, en commentaire, sur Instagram ou Facebook.

Ella

 

Histoires d’héroïnes n°4 – Nawal

De retour On time pour ce nouvel article dédié à une nouvelle héroïne. Des pages aux planches il n’y a qu’un pas, un pas que nous allons franchir aujourd’hui avec cet ode à la résilience. D’une autre culture, d’une autre langue, d’une autre histoire que les miennes, j’ai eu la chance d’incarner Nawal au théâtre, pour une expérience qui reste ancrée en moi comme un mat face à toutes tempêtes. A l’honneur aujourd’hui une expérience artistique plus qu’un récit de vie: Incendies de Wajdi Mouawad.

Au fil des actes, à travers les mots, nous découvrons Nawal et ses maux. Une histoire violente, pour une femme qui brille, qui brûle, devenue flamme au milieu d’un incendie de vie. Une âme tourmentée qui nous bouleverse, questionne, laissant une trace indélébile dans nos cœurs.  

Récit d’une femme qui nous rappelle l’intemporalité et l’internationalisme de nos luttes 

Nawal dans Incendies de Wajdi Mouawad

« Lorsque le notaire Lebel fait aux jumeaux Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, il réveille en eux l’incertaine histoire de leur naissance: qui donc fut leur père, et par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin du pays d’origine de leur mère ? En remettant à chacun une enveloppe, destinée l’une à ce père qu’ils croyaient mort et l’autre à leur frère dont ils ignoraient l’existence, il fait bouger les continents de leur douleur: dans le livre des heures de cette famille, des drames insoupçonnées les attendent, qui portent les couleurs de l’irréparable. Mais le prix à payer pour que s’apaise l’âme tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et de Simon« 

– Synopsis « Incendies » de Wajdi Mouawad, éditions Actes sud-papiers

Nawal

D’où vient-on? Peut-on construire un avenir sans connaitre notre passé? Notre origine définit-elle ce que nous sommes, ce que nous devons être? Avec Incendie, Wajdi Mouawad reprend sa réflexion sur les origines, commencée avec la mise l’écriture et la mise en scène de Littoral, réalisée en 1997. Sans être une suite narrative, Incendie se construit sur la même dynamique d’écriture, par le jeu. Par de scénarisation sans mise en scène, pas de mise en scène sans scénarisation. Les acteurs ont autant leur mot à dire que les spectateur.trice.s font vivre la pièce par leurs réactions. Une importance de la temporalité d’autant plus importante que nous commençons dans cette pièce par la fin de l’histoire [celle de Nawal] pour revenir par flash à son origine, à ces éléments qui ont fait que nous nous en sommes – spectateur.trice.s, qu’ils y sont – ses enfants, Jeannes et Simon, là aujourd’hui – à lire son testament.

Dans notre propre mise en scène, réalisée lors de notre année de 1er en option de spécialisé théâtre, nous avons été plusieurs à jouer Nawal. En divisant ainsi le personnage entre plusieurs actrices en fonction de son âge, nous avons appuyé les évolutions vécue par la femme, au court de ces quatre âges de vie, ces quatre incendies; mère enfant effrayée, femme de 40 ans combattante, femme de 60 ans courageuse, femme de 65 ans rassurée. Un femme balancée dans la vie, sans enfance, ou du moins une enfance qui lui a prise son innocence [« L’enfance est un couteau que je me planterai dans la gorge », tableau 7]. Une femme rattachée à une promesse dans un pays en guerre ou les promesses ne valent plus rien, pourtant, comme dernier essor, une dernière lueur d’espoir.

Nawal entant qu’héroïne a cette particularité de ne pas être au premier plan du récit, au contraire, elle est le fil rouge, en arrière plan qui guide ses enfants dans la quête de leur propre histoire, de son histoire. Nawal n’a pas souhaité relier son lourd passé et son présent avec ses enfants, c’est donc à eux de partir à la quête de cette vérité cachée, une fois leur mère morte. Longtemps, je me suis questionnée sur la nécessité de ces mensonges si dévastateurs. Avec le recul, je comprend aujourd’hui que certaines vérités ne peuvent surgir que dans un contexte propice, au risque sinon d’être destructeurs, sans retour possible.

Nawal n’a pas de pouvoir magiques, elle n’a même pas d’armes, au contraire c’est elle que l’on n’utilise comme arme de guerre par le viol et la torture. Elle n’a pas changé les choses, commis des actes de bravoures ayant amené à l’amélioration; mais son histoire est comme un livre d’histoire, témoignage nécessaire de crimes bien réels que nous ne pouvons oublier. Parce que l’histoire de Nawal est une fiction qui cache des récits réels, qui ce sont déroulés, qui se déroulent et qui se dérouleront, des récits que nous devons entendre, percevoir derrière le bruit des bombe, le silence des prisons et l’absence de preuves, elle est nécessaire.

Un murmure qui doit se transmettre pour un jour se transformer en cris, comme toutes ces histoires, qu’elles nous semblent proches ou éloignées, qui se répètent sans jamais évoluer. 

« Maintenant que nous sommes ensemble, ça va mieux » – Nawal, Incendie, p.19

Nous arrivons à la fin de cette article dédiée à une héroïne fictionnelle de théâtre qui m’a bouleversée, Nawal. Et vous quel héroïne de théâtre vous a chamboulé, questionné, remis.e en question? Au plaisir de vous lire dans les commentaire ou sur Instagram !

En attendant, prenez soin de vous, de vos proches. Restons uni.e.s contre la haine, le racisme et toutes les autres formes de discrimination, en ce mois des fiertés, plus que jamais, Black lives matter, LGBT+ lives matter, Women lives matter, All lives matter!